L’Ancienne Maison Communale et l’Eglise
Située sur la Grand-Place, cet imposant bâtiment jouxtant l’église servait de maison communale, de justice de paix et d’école des garçons. La salle du premier étage avait également d’autres fonctions que celle de la justice de paix : conseils, mariages, recette communale, contributions, secrétariat, concours cantonal et sans l’oublier le tirage au sort des conscrits.
Carte postale avec l’imposant escalier.
Le 14 décembre 1909, la Chambre votait, par 100 voix contre 58, une loi instaurant le service militaire personnel obligatoire. Trois jours plus tard, le premier Ministre François Schollaert en remettait le texte au roi Léopold II. Le souverain signa ce document sur son lit de mort. Avec la suppression du tirage au sort que certains appelèrent « la loterie du sang », cette loi mettait fin à une discrimination qui sévissait depuis 1815. Construit à l’emplacement de l’ancien cimetière .qui entourait l’église, cet édifice de style néo-classique remonte à 1824, il fut agrandi et remanié plusieurs fois entre 1840 et 1881. De forme rectangulaire, la construction en trois niveaux et demi est bâtie en grès de Grandglise aux structures en pierre de taille du même matériau. Sur le toit d’ardoises trône un campanile carré en bois coiffé d’un petit dôme. Sur la façade d’entrée, trois travées soutiennent une loggia à double colonnade toscane et à balustre, elle-même surmontée d’une terrasse à garde-corps en fer. Avant sa transformation, la salle du tirage au sort était accessible après avoir gravi les dix-huit marches d’un imposant escalier (voir photo carte postale). C’est dans cette pièce que chaque jeune en âge de servir sous les armes actionnait le tambour dans lequel se trouvaient les numéros qui allaient décider de leur avenir.
Afin de conjurer le sort pour ne pas être enrôlé plusieurs années dans l’armée, les conscrits avaient recours à des pratiques où la foi et la superstition se mêlaient intiment, d’autres encore relevant de la sorcellerie. Située non loin de la Grand’Place, une chapelle dédiée à « Notre Dame des Conscrits » invitait les superstitieux à implorer la Sainte Patronne. En 1951, l’Administration communale de Quevaucamps s’installera dans une partie de l’ancienne ferme Duchateau Van Haecht à la rue Joseph Wauters.
Le tambour du tirage au sort
Quant à l’église, elle a été édifiée durant le dernier quart du XVIIIème siècle avec des matériaux locaux : la brique, le grès de Grandglise et la pierre de Basècles. Cette paroisse dédiée à Saint Jean-Baptiste est de tradition classique à trois nefs de quatre travées sous bâtière unique, suivies d’un chœur et d’une tour orientale. On notera en 1875 l’adjonction dans le même style, par l’architecte athois Hotton, d’un faux-transept saillant et de collatéraux le long du chœur. Le portail est de style néo-classique en pierre calcaire. Entre des pilastres toscans reliés par un entablement, on peut remarquer un arc en plein cintre mouluré avec clé en console, des montants monolithes à plinthe et imposte, tympan et écoinçons en brique. L’intérieur est entièrement pavé en pierre de Basècles et les colonnes toscanes à fût galbé posées sur socle cubique sont en calcaire. L’autel majeur à retable en bois peint avec dorures datant de la fin du XVIIème siècle à la 1er moitié du XVIIIème siècle proviendrait d’un couvent des Carmes de Saint-Denis ; les autels latéraux sont de même provenance. Les deux confessionnaux datent du XVIIIème siècle et sont en chêne.
Certains vitraux mentionnent des dates et les patronymes des généreux donateurs. Quant aux peintures qui ornent les murs, la plus intéressante, datée « en bas à droite » de 1618 est l’Adoration du Saint Sacrement par des anges et des croyants. Un second tableau signé de la main du peintre Jean Pellegrin et daté de la seconde guerre possède une forme inhabituelle en « T » renversé. La section horizontale quelque peu énigmatique évoque certains quartiers du village de Quevaucamps tandis que la section verticale représente la vierge Marie.
Bibliographie.
DUHANT B ; 1983. Le tirage au sort dans le canton de Quevaucamps de 1815 à 1909. Coup d’œil sur Beloeil, n°17, pp. 4-25.
DUHANT B ; 1982. Un sujet de querelles : le choix du chef-lieu de notre canton. Coup d’œil sur Beloeil, n°12, pp. 153-161.
LEBAILLY M ; 2016. A propos d’un tableau de Jean Pellegrin dans l’église de Quevaucamps. Coup d’œil sur Beloeil, n°146, pp. 38-43.
L.-A.-J. PETIT ; 1880. Curé de Baudour. Les communes du canton de Quevaucamps, Mons.