La Maison aux Arbres

S’il existe une demeure qui mérite une attention particulière, c’est bien au numéro 157 de la rue Joseph Wauters à Quevaucamps « al maison à z’arbs ». Probablement construite entre la fin du XIXᵉ siècle et le second quart du XXᵉ, cette forme d’art appelée « le faux bois » doit son originalité à vouloir imiter la nature. Dès la seconde moitié du XIXᵉ siècle, la mise sur le marché du ciment Portland et le développement de la sidérurgie vont permettre l’évolution d’une architecture nouvelle, avec l’utilisation du faux bois ciment. Les éléments de décor en faux bois sont constitués d’une armature de fer à béton et grillage recouverte de ciment. Le revêtement est ensuite façonné à l’outil pour y dessiner les veines et les nœuds du bois. Le faux bois ainsi obtenu peut être parfois lissé à la brosse sur le ciment frais selon l’essence du bois désiré. Dans certains cas les plus aboutis, l’utilisation du ciment frais teinté dans la masse donne l’illusion d’un authentique bois.

Photo. R. De Braekeleer

La Maison à arbres

Photo. R. De Braekeleer

La Maison à arbres

L’origine de cette technique serait attribuée à des maçons italiens venus s’installer dans plusieurs grandes villes de pays différents. Gagnés par l’engouement de cette forme d’art, des artisans locaux prirent vite le relais en se distinguant par des créations ornant les parcs, grottes, cascades, ponts, kiosques et jardins. Malheureusement on constate aujourd’hui que ce patrimoine très fragile, nécessite souvent des travaux pour assurer sa conservation. Les restaurations des rocailles du parc de Woluwé ou de la grotte aux étangs d’Ixelles en sont des exemples. Mais revenons à l’habitation de la rue Joseph Wauters, une œuvre d’art unique lui conférant une architecture de l’étrange. Flanquée de deux grands troncs de peupliers se dressant aux pieds des pignons, ces arbres aux ramifications de branches dénuées de feuilles donnent l’impression de soutenir toute la façade. Les dormants et linteaux de la porte et des fenêtres sont du même style. Quant à l’étage, le balcon soutenu par deux corbeaux de pierre bleue laisse entrevoir dans les lignes courbes du fer forgé un style « art nouveau ». Le cartouche laissé par le rocailleur dans l’un des nœuds du tronc droit est peu discernable mais se révèle historiquement très intéressant. Cette estampille à moitié visible indique les coordonnées et qualités du maître d’œuvre : « Achille Mureco rocailleur spécialiste breveté Mons ».