L’Ancienne Gare et Musée de la bonneterie
Pour favoriser l’expansion industrielle du village, il était nécessaire d’installer un chemin de fer. Cette initiative allait permettre à Quevaucamps de sortir de son isolement mais aussi faciliter le transport des produits finis de son industrie bonnetière, l’arrivée des matières premières ainsi que la main-d’œuvre nombreuse provenant des communes avoisinantes. D’autre part cet agencement permettra aussi le transport des produits dérivés de la pierre extraite des nombreuses carrières de Quevaucamps. C’est à l’initiative du bourgmestre Florimond Duchâteau, maître de carrière lui-même, que le Conseil Communal émet le vœu de créer une voie ferrée reliant Quevaucamps à Blaton. Durant de nombreuses années, tant à la Chambre qu’au Sénat, les interventions se multiplient en vue d’obtenir ce raccordement tant souhaité. Le 5 décembre 1894, le projet du tracé des travaux et le plan parcellaire pour la construction de la voie ferrée sont déposés au secrétariat communal pour y être consultés par les quarante-quatre riverains de la future ligne. Le 17 décembre de la même année le Conseil accepte l’offre.
CP. Edition Turlot-Gosselin
Bien sûr, avant de prolonger la voie, il faut fixer un endroit où celle-ci s’arrêtera et trouver un accord sur l’emplacement du bâtiment. C’est là précisément que le bât blesse ! Une fois de plus s’installe la rivalité entre les « Bourgeois » de la Place et les « Sauvages » du Pâturage. Les premiers souhaitent la gare près de la Place, les seconds la veulent au Pâturage. La politique s’empare du différend et les délégués du Conseil communal et le ministre des Chemins de fer trouveront finalement un compromis. La gare sera construite à mi-chemin entre les lieux souhaités, c’est-à-dire près du Noquet à la future rue Paul Pastur. Une solution qui ne fâche ni ne contente personne sauf les usines proches de la Gare. Néanmoins ce choix va entraîner des conséquences heureuses. La construction de la gare modifiera complètement l’urbanisme du village. Une rue sera créée, un chemin détourné, un nouveau quartier sortira de terre. En quelques années, sept bonneteries vont s’installer non loin de là, un atelier de mécanique et l’implantation inévitable de commerces divers dont des débits de boissons.
Suite à la demande croissante d’une main-d’œuvre spécialisée en bonneterie, une école est construite en 1923 à côté de la gare. Celle-ci assurera la formation de plusieurs centaines de futures d’ouvrières dans le domaine du textile. Un peu plus tard, la ligne est affectée au service des voyageurs seulement. Enfin le vendredi 15 juillet 1898, la ligne Blaton Quevaucamps (terminus) est ouverte au transport des marchandises. Le Sieur Louis Olivier est détaché de la gare de Stambruges et vient prendre la direction du service des marchandises à Quevaucamps. La ligne 79, Blaton-Quevaucamps, est une voie unique, longue de quatre kilomètres. Les trains circulant s’arrêtent trois fois en cours de trajet. Arrivant à la station de Quevaucamps, la locomotive doit changer de front avant de repartir vers Blaton. Cette manœuvre est rendue possible grâce à une plaque tournante. Les trains sont de plus en plus nombreux. En 1913, on en compte 12 par jour dans chaque sens. Les ouvriers mineurs qui partent vers les mines du Borinage, les ouvrières de bonneterie qui viennent en sens inverse et de nouveau le train repart emportant les écoliers vers Péruwelz ou Mons via Blaton. Au trafic des voyageurs il faut ajouter celui des marchandises produites par les bonneteries, la cartonnerie, les carrières et les fours à chaux. Lorsque la seconde guerre mondiale éclate ; notre pays est occupé et les allemands décident de démonter la voie, sans importance pour eux. Au fur et à mesure du démontage, les pièces sont numérotées puis chargées sur des wagons plats. Le dernier convoi laissera le vide derrière lui. Jamais la ligne ne sera remontée et seuls les bâtiments resteront.
CP : La rue de la Gare avec à droite le « café du Boulevard »
Le balotil : un des plus vieux métiers du musée.
Le 19 octobre 1970, le Conseil Communal de Quevaucamps décide de racheter à l’Etat belge la gare, le jardin et le hangar à marchandises. Au fil des années ces bâtiments communaux serviront de bureau de pointage, de local des scouts, de garde-meubles, etc… Après quelques aménagements à l’intérieur, la gare abritera les archives de l’A.S.P.B « l’Association pour la Sauvegarde du patrimoine de Beloeil » et le musée de la bonneterie. Le musée s’étend sur deux niveaux et mérite d’être visité. Le rez-de-chaussée tout comme l’étage contient un bon nombre de machines à tricoter, d’outils et des documents relatant la prospérité de cette industrie qui a fait vivre pendant bien des décennies des milliers de personnes. Le village comptait après la seconde guerre mondiale pas moins de 52 bonneteries. On pourrait y ajouter un nombre important d’ouvrières à domicile. Malheureusement, la modernisation des machines et la délocalisation a, petit à petit, vu disparaitre toute cette industrie. C’est également dans ce bâtiment que se tient le bureau de l’ASPB qui publie annuellement trois bulletins intitulés « Coup d’œil sur Beloeil » dans lesquels nous retrouvons des articles d’histoire, d’archéologie, de généalogie et de folklore.
Toutes ces revues sont disponibles sur le site Web : WWW.ASPB.be
Si vous désirez de plus amples informations sur le sujet voici quelques articles à consulter : DUHANT B. et DULIEU R., Le musée de la bonneterie et du négoce de la toile à Quevaucamps.
Les guides de l’ASPB, volume III, 1997. pp. XX DUHANT B., 1982.
L’ancienne gare de Quevaucamps. Coup d’œil sur Beloeil, 10 p. 58-72